pour grand orchestre symphonique & chĆur mixte
Années de composition : 2000-2003 (rév. : 2006)
DurĂ©e : 20â
Nomenclature : 3 Fl. (1° aussi Pte Fl.) / 2 Htb. / C.A. / 2 Cl. / Cl. B. / 2 Sax. S. / 3 Bsn. (3° aussi Ctbn.) / 4 Cors / 3 Trp. / 3 Trb. (3° Trb. B) / Tuba Ctb. / Timb. / 6 Perc. / Hpe / Pno (aussi Synth.) / CĂ©l. / ChĆur (S.A.T.B.) / 16 Vl. I / 14 Vl. II / 12 A. / 10 Vlc. / 8 Ctb.
âLe Tombeau de Draculaâ est une suite pour grand orchestre symphonique et chĆur mixte, dont le principal intĂ©rĂȘt est de mettre en Ă©vidence lâĂ©volution du style dâAlexis Savelief dans ses jeunes annĂ©es et les changements dans son langage musical entre 1999 et 2002.
Lâordre de composition est diffĂ©rent de lâordre dâexĂ©cution et les piĂšces ont Ă©tĂ© dâabord Ă©crites et créées indĂ©pendamment :
En 2006, Alexis Savelief rĂ©vise ces trois piĂšces et les rĂ©unit en un cycle, âLe Tombeau de Draculaâ, surmontant chacune dâune citation extraite du roman âDraculaâ de Bram Stoker. Ă cette occasion, il harmonise la taille de lâorchestre (par exemple en rĂ©duisant les six cors de âDraculaâ Ă quatre, mais ajoute du cĂ©lesta et un chĆur dans âLa Mort de Draculaâ et âDraculaâ), et apporte quelques modifications plus ou moins lĂ©gĂšres Ă lâorchestration. Alexis insĂšre aussi deux mesures dans âLa Mort de Draculaâ, et supprime des passages entiers de âDraculaâ pour en Ă©crire de nouveaux.
Voici les textes Ă©crits Ă lâĂ©poque de composition, et faisant donc rĂ©fĂ©rence Ă la premiĂšre version de ces piĂšces. Ces textes, maintenant datĂ©s, sont assez rĂ©barbatifs !
Le morceau commence avec des trĂ©molos de cordes, de la harpe, et des pizz. de violoncelles et contrebasses qui symbolisent les douze coups de minuit si on les compte, superposĂ©s avec un thĂšme confiĂ© Ă la flĂ»te. Lâorchestre sâestompe, laissant place au violon solo, et au marimba, avant que nâentrent les violons, divisĂ©s sur la mĂȘme note mais en trĂ©molos ou jeu ord., avec des notes menaçantes (un intervalle de quarte augmentĂ©) aux basses. Suit alors le cor anglais dans un thĂšme Ă©tant une variation du premier, avant que tout lâorchestre en doublures nâĂ©nonce quatre notes agressives. La tension se met alors Ă monter rapidement jusquâĂ un fouillis orchestral (« le plus vite possible »). Une agitation prend place, avec les basses et les cuivres se rĂ©pondant, menaçants, avec des quartes augmentĂ©es (que les violons et altos jouent Ă©galement, en trĂ©molos dâharmoniques), le tout rehaussĂ© par les percussions. Un Ă©lĂ©ment Ă©trange en triples croches prend place, Ă©voquant pour Alexis les forĂȘts de sapins de Transylvanie, et aussi un peu lâeau. LâĂ©lĂ©ment suivant, avec les glissandos harmoniques et le picolo, est sensĂ© reprĂ©senter la capacitĂ© de Dracula de pouvoir se changer en brouillard. AprĂšs le choral de cuivres, un nouveau thĂšme est confiĂ© au vibraphone et Ă la harpe, avec les cordes leur rĂ©pondant. Puis Dracula apparaĂźt (ces quelques mesures Ă©taient composĂ©es dĂšs janvier 2000), et aprĂšs avoir soulagĂ© sa soif, laisse une nouvelle fois place au choral de cuivres, cette fois-ci avec la sourdine. Suit un Ă©lĂ©ment de transition, avant de revenir au thĂšme Ă©noncĂ© peu avant, enchaĂźnant avec le premier thĂšme, accompagnĂ© par les cordes en trĂ©molos dâharmoniques. Enfin, les cordes se livrent Ă des gettatos en col legno, qui reprĂ©sentent une invasion de criquets, dont Dracula sait prendre lâapparence, tandis que les bois varient le thĂšme initial. Enfin, le morceau sâachĂšve avec cinq mesures, « en se perdant »âŠ
En fait, Alexis avait composĂ© ces cinq derniĂšres mesures dĂ©but janvier 2000 (ou fin dĂ©cembre 1999), soit avant mĂȘme lâorchestration de âLa Mort de Draculaâ, avant dây revenir maintes fois pour aboutir Ă ce que lâon peut entendre. Alexis se souvient que lâorchestration de ces quelques mesures lui posait problĂšme initialement, câest pourquoi il les avait orchestrĂ©es avant tout le reste, juste avant lâĂ©lĂ©ment des forĂȘts de Transylvanie, câest-Ă -dire en juin ou juillet 2000. La majoritĂ© du morceau a Ă©tĂ© Ă©crite sous forme dâesquisses sur plusieurs portĂ©es, sans passer par le piano.
La trompette dĂ©bute le morceau (comme dans la âCinquiĂšme Symphonieâ de Malher ou les âTableaux dâune Expositionâ de Moussorgsky orchestrĂ©s par Ravel) avec le gong thaĂŻlandais, faisant office de glas. Les cordes et le hautbois reprennent le thĂšme, puis la trompette fini ce quâelle avait entrepris, accompagnĂ©e cette fois-ci, non seulement du gong, mais aussi du cor. Ă partir de ce moment, lâorchestre sâĂ©toffe peu Ă peu en une variation, jusquâĂ la fin de la premiĂšre section, achevĂ©e par des harmoniques aux cordes, en quarte pour les rendre plus froids. Le second thĂšme est confiĂ© au cor anglais, accompagnĂ© par un orchestre trĂšs lĂ©ger, puis soudainement, les cors, lâEnfer, avec le troisiĂšme thĂšme en pizz. aux violons et altos. Sâensuit un Ă©lĂ©ment de transition, assez froid au dĂ©but, puis qui introduit au tutti reprenant le thĂšme initial, bientĂŽt divisĂ© avec les violons et enchaĂźnant avec des Ă©lĂ©ments trĂšs « musique de films amĂ©ricaine » aux cors. LâĂ©lĂ©ment de transition reparaĂźt, transposĂ©, et lâorchestre devient moins dense — jeu de timbres, contrebasse en pizz., cor solo et bois — pour deux mesures avant quâun mouvement de balancier ne sâinstaure aux violons et altos. Le second thĂšme Ă©merge de nouveaux avec un trĂ©molo grosse-caisse/tam-tam grave figurant les entrailles de la terre. Les cors reprennent la suite, avec la harpe, le xylophone, et des harmoniques au violoncelle solo faisant penser Ă un envol (de lâ« Ăąme » de Dracula ?), et enfin, la harpe Ă©merge dâun coup de tam-tam grave, avec le thĂšme prĂ©cĂ©dent en variations, aux bois, et la grosse-caisse prolonge la rĂ©sonance du tam-tam, la fin, lâapocalypse, tandis que les cordes exĂ©cutent des glissandos descendant, puis la trompette amĂšne aux pizz. des pupitres de violoncelles et contrebasses surmontĂ©s de grosse-caisse, de tam-tam, de gong thaĂŻlandais, et le morceau sâachĂšve dans leur rĂ©sonance.
Le morceau commence dans une ambiance trĂšs mystĂ©rieuse, avec les vents, et un peu de percussion, le tout dans le registre mĂ©dium uniquement, plus avec des accords quâavec une vĂ©ritable mĂ©lodie. Les basses prennent le relais un court instant, puis lâĂ©lĂ©ment initial refait son apparition. Les altos lui apportent alors une couleur un peu plus chaude. Peu Ă peu, des instruments se greffent, et un grand crescendo sâamorce, tandis que les cuivres commencent Ă dominer. Une incursion en majeur se fait alors, et tout lâorchestre sâagite, jusquâĂ des cascades rĂ©parties Ă tout lâorchestre et fonctionnant par relais, du grave Ă lâaigu, et vice-versa. Un paroxysme atteint, le chĆur entre avec le thĂšme initial tandis que lâorchestre se dĂ©sagrĂšge assez brutalement. Une nappe de violons en trĂ©molos dans lâaigu, vibraphone en trĂ©molos, timbales en roulement pianissississimo, et altos et clarinettes se complĂ©tant sâinstalle sous le chĆur. Peu Ă peu, lâorchestre sâĂ©toffe de nouveau en mĂȘme temps que lâatmosphĂšre devient encore plus solennelle, et le thĂšme se dĂ©veloppe. Une incursion en majeur a de nouveau lieu, avec domination des cuivres. La tension instaurĂ©e retombe dans un motif aux couleurs sombres. AprĂšs un point dâorgue, la premiĂšre section sâachĂšve. Un thĂšme beaucoup plus lointain et lĂ©ger en do majeur est prĂ©sentĂ© aux cordes, puis le chĆur (doublĂ© par les clarinettes et les cloches) entre de nouveau, dans un contrechant quasi-diatonique, tandis que les cordes rĂ©pĂštent leur thĂšme en crescendo. Des vents entrent puis laissent pour la quatriĂšme reprise la place Ă des contrechants de clarinettes, cor solo, et bassons. Une transformation en la b majeur a lieu, Ă©clairĂ©e par un roulement de triangle. LâĂ©lĂ©ment se transforme encore en mi b majeur, orchestrĂ© un peu « pompier », comme les grands tutti des musiques de films amĂ©ricaines. Suit un choral de cuivres, et un Ă©lĂ©ment un peu « magique » et mystĂ©rieux, voire inquiĂ©tant de par les cors bouchĂ©s et la trompette avec sourdine sĂšche, formant un accord mineur avec septiĂšme majeure, rĂ©putĂ© inquiĂ©tant (âPsychoseâ). Ă ce moment, le motif dominant est un dĂ©rivĂ© du troisiĂšme thĂšme de âLa Mort de Draculaâ. Le choral de cuivres reprend, avec le cor anglais, et aboutit Ă une transformation du susdit thĂšme, plus triste que lâoriginal (adaptĂ© Ă lâharmonie du âFinaleâ en fait, qui est plus proche de celle de âDraculaâ), avec vibraphone, cloches, harpe, cĂ©lesta, et une nappe constituĂ©e par le reste de lâorchestre, avant dâĂȘtre confiĂ© aux vents avec une pĂ©dale de timbales. Un motif vaguement dĂ©rivĂ© du motif de transition de âLa Mort de Draculaâ apparaĂźt Ă la flĂ»te, tandis que le thĂšme prĂ©citĂ© se poursuit en pizz. aux violons, altos, harpe, jeu de timbres, clarinettes, et hautbois. Les violons I reprennent de nouveau le motif en doublant la flĂ»te, et le saxophone soprano propose un contrechant, tandis que jeu de timbres, cloches, mark tree, harpe, cĂ©lesta, flĂ»te 1 et clarinettes proposent un Ă©lĂ©ment plus « scintillant ». Pendant ce temps, le chĆur (doublĂ© par cors et trompettes) rentre mystĂ©rieusement, mais en crescendo, avec une variation des accords du thĂšme initial, et les basses commencent Ă sâagiter. Le thĂšme principal reparaĂźt, les basses Ă©tant plus Ă©nergiques quâau dĂ©but et, le majeur refait une incursion, rayonnant par les cuivres, les cloches et le jeu de timbres, la flĂ»te, ainsi que les basses, qui « ouvrent » plus quâĂ tout autre moment la mĂ©lodie : câest le point culminant. Enfin, le dramatique reprend le dessus dans la musique, tandis que lâorchestre au grand complet chute vers la mineur, dans une orchestration un peu musique de films, et un peu deuxiĂšme mouvement de la âCinquiĂšme Symphonieâ de Malher. Enfin, tout lâorchestre joue un accord trĂšs dissonant (la - si - do - rĂ© # - mi - fa - sol #) qui, rĂ©pĂ©tĂ© trois fois, conclut le morceau fortississimo dans un climat trĂšs tendu.
Pour simplifier un peu lâanalyse de la piĂšce, on peut rĂ©sumer en observant que la piĂšce est divisĂ©e en deux grandes parties dâune durĂ©e Ă©quivalente de quatre minutes et demie environ chacune :
⊠avec la partition de cinĂ©-concert dâAlexis Savelief