Plongée dans les archives : Qui se souvient de “Watunlib” ? ou le Waterphone mélodique !

Blog “Dans l’Atelier du Compositeur” & “Sculpteur de Notes”

Plongée dans les archives : Qui se souvient de “Watunlib” ? ou le Waterphone mélodique !

, par , dans Instruments de musique, Waterphone —  6 min.

Qui se souvient de “Watunlib: The Untempered pseudo-Waterphone Library” ?

Personne probablement ! Mis à part mon cousin Guillaume Tristant et moi-même, cela va sans dire…

Rétrospective…

Aux origines de “Watunlib”

Par une journée de février 2010, j’avais rejoint Guillaume, avec mon drôle d’instrument, au Mans, où il résidait à l’époque.

Soyons clairs : à cette époque-là — de septembre 2009 à mars 2011 —, je n’avais PAS encore un véritable Waterphone de Richard Waters ! Je n’avais fait l’acquisition que d’une version alternative, un pseudo-Waterphone, ce qui s’appelait à l’époque un “Aquasonic Super Mondo”.

Bien sûr, maintenant que j’ai le recul, un véritable Waterphone MegaBass, et que je peux comparer, l’Aquasonic était très inférieur, mais il remplissait le contrat, en ce qui concerne l’effet d’eau “wah-wah” : tout ce qu’on lui demande, en général. L’Aquasonic, beaucoup plus léger que le MegaBass, et les tiges étant nettement plus fines, il permettait aussi le jeu de glissandos en harmoniques artificiels, un effet assez curieux, qui n’est en revanche que peu concluant sur le véritable Waterphone MegaBass. Comme quoi, j’arrive tout de même à lui trouver un avantage, sur ce critère-là. Le son était aussi plus frêle et, dans les aigus, pouvait tout de même s’avérer déjà assez magique, surtout dans les bariolages.

Bref ! Assez digressé sur les mérites relatifs de chacun de mes Waterphones.

Guillaume, lui se chargeait de la prise de son et de la programmation des échantillons pour en faire des banques Kontakt, et moi, du jeu de l’instrument pendant la session d’enregistrement, de la rédaction du manuel, et de la conception du site Web.

Dire, pourtant, que ce qui avait commencé comme un simple projet pour le fun s’était en fin de compte transformé en projet commercial, sous la pression des personnes auxquelles nous l’avions montré. Bon, en fait, la plupart auraient voulu qu’on la distribue gratuitement, je pense ! Mais passons.

Nous avions même, ô gloire ! eu la surprise, un beau (très beau !) matin, de voir qu’un très grand nom de la musique de film mondiale avait acheté une copie de notre “Watunlib”

Comme l’aurait si bien dit Marius (Maurice Chevit) dans Les Bronzés Font du Ski : “Je crois qu’il n’l’a jamais mis !…”

Le site… Ah ! le site…

Il faut dire que notre site de vente inspirait confiance ! Il faut l’avouer, le design fleurait bon la poussière et les disquettes 3.5”. Bref ! On était retourné sous Windows 3.1.

Mais c’était par dessein, bien entendu ! Nous voulions un site simple, clair et minimaliste. Et pour nous, assurément, le design de notre site, tout beau tout neuf, c’était le fin du fin !…

Watunlib — la page d’accueil du site. Humm ! Ces gris, ce manque de contraste, de relief

Voici une maquette du site, un peu avant sa finalisation — ça vous donne une idée de la chose…


Il est vrai, je dois quand même le reconnaître : sur ce site, nul agrément superflu ! “Terne”, “triste”, “austère” : tels sont les mots qui nous viendraient à l’esprit pour décrire un tel site — en un mot, déprimant ! (mais aussi, sur une image fixe, vous ne voyez pas les beaux effets de roll-over — forcément, ça biaise !)

Mission réussie, donc, pour ce site que, par euphémisme (et par charité), nous appellerons donc “sobre” ! Mais ça faisait sé-ri-eux (oui, avec la diérèse).

Il faut dire que j’avais tout programmé, à grand frais (non en fait, par manque de budget), de A jusqu’à Z… Y compris le back-end et l’interface de gestion du site. Quand on parle de ré-inventer la roue… autant inventer la roue carrée ou la roue triangulaire, tant qu’à faire ! Ça n’avait jamais été tenté (ou alors, l’Histoire l’a oublié).

Et bien sûr, nous n’avons pas évité les pépins techniques ! Lenteur du téléchargement pour les clients à l’autre bout de la planète et compagnie…

Watunlib, une succession de no-sellers

Cette banque de sons a été suivie par d’autres produits de moindre envergure, tous plus improbables les uns que les autres, qui se sont succédés avec plus ou moins de régularité. Ils portaient des noms aussi évocateurs que “Tuning Fork Pad”, “Small Percs”, “Wind Chimes”, “Unexpekted Cello” (ce dernier instrument, finalisé mais jamais paru sur le marché)…

Et si ce dernier produit n’est jamais sorti commercialement, c’est parce que, hormis “Watunlib”, le produit originel — fondateur, même ! —, les suivants n’ont pas rencontré le succès que nous en attendions, et nous n’avons jamais réitéré l’exploit initial.

Ce n’est pas grave, car Guillaume comme moi-même, nous les utilisons encore assez souvent.

Quant aux skins, je vous laisse juger…

“Tuning Fork Pad”

“Small Percs”

“Wind Chimes” 1

Comme le montre cette capture de l’interface de “Wind Chimes” ci-dessus,
nous avons réitéré l’accordage des tiges/tubes individuels pour certains des patchs, comme dans “Watunlib”.


“Wind Chimes” 1

Welcome to a time long, long ago! C’était une époque que vous auriez préféré oublier ? Eh bien nous on va vous la rappeler ! Eh comment…

Pour le lancement du site, Guillaume avait même programmé un petit jeu sous Kontakt ! Il fallait y penser ! Il fallait oser, surtout…

“Flight Kontrol” — un jeu qui se joue directement dans Kontakt !

“Flight Kontrol” — en plein jeu dans Kontakt

Vous aurez noté sans peine le réalisme sidérant des graphismes…

Le “game over” de ce petit jeu — pour lequel je suis responsable de ce délicieux audio — mettait vos nerfs à rude épreuve ! Si vous avez les oreilles à vif, ça fait toujours plaisir…

Marrant cinq minutes, mais vite agaçant…

“Watunlib” : un produit à l’avant-garde de la technologie et de l’inventivité

Le produit en lui-même n’était pas mauvais. Bien sûr, “Watunlib” conservait ses lacunes et ses limites, dûes au fait que nous n’avions à l’origine, lors de l’enregistrement des échantillons, jamais imaginé que cela recueillerait un certain intérêt, ni que nous finirions par le commercialiser. Mais ça marchait bien pour notre usage, et plutôt pas mal.

Qui peut se targuer d’avoir été assez fou pour tenter d’accorder après-coup une variété alternative de pseudo-Waterphone (ici, un Aquasonic Super Mondo) chromatiquement ? (alors que l’instrument, lui, ne l’était pas du tout !)

Oui ! Nous, nous l’avons fait ! Nous proposions un mode “accordé” (appelé preset « chromatique »).

J’ai passé des heures et des heures, à écouter et ré-écouter en boucle, chaque échantillon, pour tenter de distinguer le partiel principal à accorder (car oui, comme pour les gongs et les cloches, ce n’est pas une mince affaire de discriminer entre les différents partiels !). Et avec tout ça, il fallait que je me ré-accorde l’oreille fréquemment (même si je dispose de l’oreille absolue).

Ensuite, j’envoyais à Guillaume les valeurs à enregistrer dans le preset, pour rendre plus facile l’exploitation de l’instrument sur des mélodies chromatiques.

Un bel effort, mais nous étions trop limités en ambitus. Toutefois, cette expérience nous a valu quelques démonstrations intéressantes.

Du son ! On veut du son !

À ce stade-là de l’article, oui, je sais ce que vous vous dites : “Tout ça c’est bien beau, mais où qu’il est le son ?!? Du son ! Nous on veut du son !

Oh là ! Minute, papillon ! Je sais que vous piaffez d’impatience, vu comment je vous ai chauffé sur le sujet, mais voilà, ça vient, je balance tout !

Guillaume Tristant (Guizmox44, sur Soundcloud) et moi-même nous étions répartis la lourde tâche de faire briller au mieux notre produit, dans des démos toutes plus convaincantes les unes que les autres.

Voici, donc, ces fameuses démonstrations sonores, tirées de mes archives personnelles (spoiler : attention, c’est collector ! On envoie du lourd, nous !) :

Oui, on note que la nature-même de l’instrument ne se prête guère à une utilisation concluante sous forme mélodique comme harmonique. À part pour le fun, bien sûr ! Car le son donne une impression de “violon de fer” assez étrange, et même complètement déjantée par moments !

Bref ! Dans tout ça, même si cela fait bien longtemps que nous avons abandonné le projet, Guillaume et moi nous sommes payé une bonne tranche de rigolade et d’échanges tous plus décalés les uns que les autres. (Et vous n’savez vraiment pas à quoi vous avez échappé ! Pensez-y : nous avions songé appeler notre site sampleursetsansreproches.com… Tout un programme !…)

Sur ce, j’espère que ce billet — et nos pérégrinations sonores plus ou moins hasardeuses — vous aura amusé, et je vous dis à bientôt !