Si vous avez besoin d’une synchronisation extrêmement précise, ou que votre morceau comporte de nombreux points de synchronisation nécessitant une précision très importante (dead sync points), vous pourriez choisir d’utiliser une « piste de clics » (Max Steiner serait l’inventeur du principe de la piste de clics).
Une piste de clics est un métronome, dont la particularité est d’être adapté à votre morceau. Vous entendez dans un casque audio « tic-toc-toc-toc, tic-toc-toc-toc, tic-toc-toc-toc », etc. Vous pouvez programmer des changements de métrique, de tempo, tout autant que des accelerandos et ritardandos.
Sur la partition, une piste de clics est généralement indiquée selon le rythme des « tics ».
À l’époque, une piste de clics devait être préparée en perçant de petits trous dans la piste son sur la pellicule, ce qui avait pour effet de produire des clics lorsque le projecteur était en marche ! C’est la raison pour laquelle lorsqu’un compositeur de musique de film indique des tempos métronomiques précis dans ses partitions (ce que ne faisait pas Bernard Herrmann, et John Williams non plus), ceux-ci sont souvent spécifiés dans un format d’images par battement (ou images par clic) [frames per beat / frames per click], par opposition aux battements par minute (indication de tempo standard).
Les tempos marqués en images par clic indiquent en fait le nombre d’images et huitièmes d’image (puisque chaque image de film comporte quatre trous pour permettre au projecteur d’entraîner la pellicule) sous la forme suivante : 24 7/8, correspondant à 57,89 battements par minute. Pour obtenir une piste de clics avec ce tempo, un trou serait percé toutes les 24 images + 7/8 d’une image, et si le tempo reste le même durant tout le morceau, une simple boucle de pellicule pourrait être utilisée.
Une pellicule 35mm (schématisée)
Le gros problème de cette méthode est qu’il s’agissait d’une tâche temporellement coûteuse, rendant de plus les changements à la volée particulièrement délicats. Heureusement, de nos jours, avec la popularisation des micro-ordinateurs, élaborer des pistes de clics complexes est devenu aisé, quel que soit le séquenceur utilisé par le compositeur ou le studio d’enregistrement. Cela explique également la résurgence des indications de tempos standard en nombre de battements par minute, à la place des traditionnelles images par clic.
C’est cette méthode de piste de clics que nous utilisons pour mon ciné-concert “Nosferatu, Une Symphonie de l’Horreur”.
Cependant, un petit mot d’avertissement s’impose : diriger une partition sur une piste de clics s’avère une technique particulièrement efficace dans les situations impliquant des rythmiques rigoureuses, des sections répétitives, de nombreux changements de tempo, et lorsqu’une grande précision est requise par un nombre élevé de points de synchronisation. De plus, l’usage des pistes de clics demeure la seule façon viable de procéder lorsque des samples et autres éléments préenregistrés sont impliqués. Il convient toutefois de garder à l’esprit qu’il s’agit d’une expérience parfois éprouvante pour le chef d’orchestre, étant donné qu’il n’a pas la possibilité d’anticiper ce qu’il entendra : le clic suivant peut être difficile à préparer avant un changement de tempo ou au cours d’un rubato si la construction de la piste de clics n’a pas été réalisée avec suffisamment de soin, ou est mal indiquée sur la partition, aussi la prudence est-elle de rigueur !
Pour vous donner une idée de la rigidité du truc, voici maintenant un exemple en vidéo, sur une cue de ma partition de ciné-concert pour “Nosferatu, Une Symphonie de l’Horreur” :
(Les overlays de cet exemple ont été générés avec “Punches & Streamers Studio”,
mon propre logiciel de « punches & streamers »)
► Dans le troisième article de cette série, nous passerons enfin au timing dit « libre », aux flutters, punches and streamers, et à l’usage du chronomètre…
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